1.6
Hier j’ai viré deux de mes contacts. Hors ligne, je les considère comme des amis. En ligne ce sont de parfaits inconnus. Des entités agressives, sans discernement.
Hier j’ai viré deux de mes contacts. Hors ligne, je les considère comme des amis. En ligne ce sont de parfaits inconnus. Des entités agressives, sans discernement.
Partager une information en attendant l'approbation. C’est ce que fait un community manager. Il guette les réactions hors-cadre et les modère (censure) ou les pondère (répond). Une méthode qui exclut le contenu négatif et oriente le flot d’information dans un courant positiviste que le bouton like de Facebook illustre parfaitement. Une posture commerciale. Nous nous comportons comme des publicitaires. Nous marketons nos vies. On veut se sentir beaux et intelligents. Quand on partage nos découvertes, nos opinions, on veut de l'approbation. Toute réaction non conforme est vécue comme une agression. Une remise en question de l'image parfaite que nous essayons de dessiner. Alors exclure, c'est se prémunir de ses propres dérives.
L’écrit a quelque chose de définitif et d’ambigu que les livres subliment et l’instantané d'internet galvaude. On survole. Saturés d’information, on ne prend pas la peine de traiter et d’analyser les données. On répond immédiatement, en lisant ; ou avant même de lire ; ou on ne lit que le titre. On partage. On like. Mais tout le monde s’en branle dès que ça dépasse trois lignes. Officiellement tout le monde est ouvert au dialogue, dans les faits, c’est le premier qui a parlé qui a raison.
A ce train là tu n'auras plus d'amis, même sur Facebook, d'ici un mois.
Le chef d’équipe aujourd’hui est un grand noir de vingt-quatre ans. Il n’a pas le permis de conduire. C’est le plus ancien des commerciaux. C'est lui qui devait niquer hier. Traits fins, un mètre quatre-vingt-dix au moins, veste en coton bouilli vert chiné et ornée de coudières en cuir. Pantalon de toile crème et chemise à vichy bleu sous pull coordonné. S’il était blanc, on pourrait croire à un jeune militant de droite réactionnaire. Il est looké comme un évadé de rally solognot. Il ne lui manque que le jean surteint rose et un petit pull sur les épaules.
Notre véhicule est un petit char rouge sur lequel une bande blanche supposée aller du coffre arrière à l’avant de l’engin a été tracée à l'aérosol. L’effet escompté aurait pu être réussi si celui qui s’est lancé dans cette entreprise avait pris la peine d’utiliser des caches pour éviter les coulures. Dans le coffre, des emballages de packs de bière et de junk food entourent un caisson de basse artisanal. La boîte à bruit occupe les deux tiers de l’espace où nous devons loger nos cinq sacs et ma trottinette. L’auto-radio crache du son techno hardcore et de l’électro de compil’ TV en boucle depuis une clef USB.
Je préfère ça à la radio, c’est moins répétitif.
Sur le chemin, il n’est pas trop question de travail si ce n’est un débat sur les secteurs qui seront tapés et retapés et dont il est impossible de tirer quoi que ce soit. Nous allons à Thouars. Il y avait une fille ce matin à l’agence. C’est la cinquième de l’équipe que j’ai accompagnée la veille. Ca faisait bien longtemps qu’une femme ne m’avait pas serré la main. Ils iront à Chambray.
Je vais rester avec le manager aujourd'hui. Il dépose chaque membre de l'équipe sur son secteur et nous commençons la journée. Son approche est particulière. Il cherche à entrer à tout prix chez les gens et ensuite il explique pourquoi. Il connaît le contrat par cœur et comprend très bien toutes les situations particulières. Il sait quelles aides sont compatibles avec notre offre pour les personnes en difficultés financières. Il sait quels sont les avantages de notre produit vis-à-vis de la concurrence… Aujourd'hui, ça ne suffit pas. Il a du mal. En plus d’être noir, il n’est pas seul. Les gens ont peur quand il y a plus d’une personne inconnue qui cherche à rentrer chez eux. Je me mets à leur place. Vue l’approche fourbe des VRP prêts à tout pour faire leur « déballage ». N’importe qui de sensé ne peut les laisser entrer que par dépit ou épuisement.
Un coup de klaxon derrière nous. Une voiture de police est montée sur le trottoir et s’arrête presque sur nos fesses. Un cowboy bedonnant et moustachu demande nos papiers et notre carte professionnelle en expliquant que des riverains ont vu des gens louches rôder dans le quartier (la rue est déserte).
C’est classique. Ça arrive au moins une fois par semaine.
Ça arrive à tout le monde ou seulement à lui ? Sa tenue est-elle un camouflage ?
On vient pour le bilan annuel de votre consommation.
Cette entrée en matière n'est ni vraie ni fausse mais elle ouvre les portes. C’est tendu comme introduction. Il fait le forcing. Nous avons besoin d’étudier la CAR (consommation annuelle de référence) des clients pour pouvoir, avec eux, mettre éventuellement en place un contrat de facturation plus intéressant. L'ouverture du marché au privé est totalement étrangère aux consommateurs moyens. Ils débarquent presque toujours et demandent une explication.
On est le producteur, c’est pour voir si vous pouvez bénéficier de l’aide pour avoir du gaz moins cher.
On joue sur les mots. On simplifie. Plus on explique en détail, plus c'est long et plus on a de chance de perdre notre interlocuteur en route.
On est envoyé par votre fournisseur actuel pour vérifier que vous êtes éligibles aux nouveaux tarifs.
Là c’est carrément faux. Les fournisseurs historiques ont d'ailleurs eu vent de cet argument et ont envoyé à leurs clients un courrier les mettant en garde contre des démarcheurs peu scrupuleux qui prétendaient venir en leur nom prospecter de nouveaux contrats.
C’est presque toujours sur une absurdité que la faille s'ouvre dans la défense du prospect. Il nous laisse souvent entrer sans avoir compris de quoi il s’agit. Il est perplexe et dubitatif sur le sujet de notre venue. Il a beaucoup de mal à focaliser son attention. Mon tuteur parle très vite. Même si ce qu’il dit est très clair, j'ai, moi-même, du mal à le suivre. Les gens n’aiment pas changer, ils n’aiment pas la paperasse. Il n’y a que la perspective d’un gain facile et rapide d’argent qui les motive. Une économie c’est déjà une projection, une idée, un rêve. Ça les emmerde à un point tel qu’ils n’ont pas envie d’en parler. Il faut arriver à proposer du concret. Ils signent souvent pour avoir la paix... Sinon en étant sûrs de faire une affaire.
La « déballe » est assortie d’un schéma très simple qui permet d’expliquer pourquoi, en toute logique, nous pouvons proposer un prix plus attractif. Ça explique comment le marché devenu privé, reste implanté sur un réseau public et exploité par des sociétés privées. Si l’état entretient encore les tuyaux, c’est des opérateurs qui les remplissent et ce sont des fournisseurs qui leur vendent ce qu'ils y mettent. Ça aide les gens à comprendre si on respecte bien le plan d’approche initial, mais le côté improvisateur-mythomane du commercial en goguette a tendance à complexifier le tableau. Il faut que les mensonges, les approximations et les contre vérités de l’accroche soient en cohérence avec le plan tracé en bas de la grille tarifaire.
Et ça, c’est l’ÉTAT.
Il faut pointer du doigt la différence de tarif entre nous et la facture actuelle du client.
C’est comme quand vous allez au marché madame. Vous achetez vos légumes directement au producteur.
Ah oui, je n’y avais pas pensé.
Il est treize heures quarante. Je crève la dalle. J’ai envie d’aider ce pauvre gars qui n’arrive pas à faire signer son contrat. En fait non, je me marre intérieurement. Je contemple les conséquences d’un minuscule mensonge. Il est obligé de continuer pour ne pas se contredire. Il arrange les chiffres, les pourcentages, les dates, les tarifs… plus la discussion avance plus l'objet de l'accord est irréel. J’ai seulement le droit de ne rien dire. Je suis ici en observateur.
Il veut aller au McDo… Ça fait au moins deux ans que je n’y ai pas mis les pieds. On en parle. Il est stupéfait que je n’aie pas de télévision. Étonné que je joue à la console sur un vidéo-projecteur. Merde ! Je suis un snob. Déjà que j’étais le plus vieux, il m’a casé direct dans la case " bizarre et prétentieux ".
Le McDo' de Thouars c’est un peu le bout du monde. Il n’y a qu’une famille et notre bande de brailleurs pour habiter les trois cents mètres carrés du "restaurant".
C'est des consanguins ?
On se sent chez soi dans un McDo'. Ils ont tous la même odeur, la même ambiance marron, les mêmes mouches qui se baladent. Les managers ont tous la même dégaine et la même équipe d’employés qui ne sourient qu’à la commande. Ça sent le suicide collectif. On passe commande via la borne informatique à deux mètres du guichet où nous attend un jeune visage féminin inexpressif. Il n’y a que deux voitures un mardi à quatorze heures sur ce grand parking encaissé entre la nationale, le restaurant, un magasin d’outillage et un hangar jaunasse qui fait office de marchand de jouets. Pour moi, le sandwich à la mode dans un grand menu avec sundae caramel, frites et Sprite… Presque dix euros. Le goût est impersonnel, formaté, toujours le même. Au moins, on sait ce pour quoi on paye. Ça donne l’impression d’appartenir à un groupe et ça file aussi un sacré mal de bide.
Le seul truc que j’appréciais dans la nourriture anglaise, c'était les Apple Pie du McDo'. On avait passé quinze jours à faire le tour de bus en bus, traversant l'Écosse. Globalement ça me faisait chier. J'étais en vacances mais je n'avais rien à faire. Le vrai évènement c'était ce voyage en avion fait de Paris à Londres et retour que ma sœur avait payé. Elle voulait que je sois là, avec elle pour découvrir. Mais j'en avais vraiment désespérément rien à foutre. En plus j'ai fait une crise de foie en bouffant des barres chocolatées qui étaient offertes gratuitement aux voyageurs dans la gare d'Edimbourg. Oh oui ! On avait vu la Reine et des gros blaireaux qui lançaient des troncs d'arbres dans le ciel... On avait vu le Loch Ness... Je n'ai absolument plus aucune mémoire visuelle des lieux. Juste des bribes de lande. La mer, à l’extrême-nord. L'ennui et la pluie. Quelle merde ce pays... Je ne comprenais rien à ce qu'ils me disaient. Je me souviens d'un soleil gris et d'un ciel blanc.
J’échange une photo du ciel niçois contre une de l’intérieur du McDo et réponds à un mail au passage. J’ai un entretien téléphonique pour un job de consultant samedi matin !
Mon binôme de l’après-midi est étrange. Il est juste incapable de dire deux fois la même chose. Un peu comme si sa trame de vente était une mélodie dont il improvisait les notes. Un VRP qui fait du jazz avec son argumentaire. L’inconvénient c’est que même si ça pourrait sonner juste et avoir une certaine élégance, ça tourne complètement à la catastrophe une fois sur deux. Les visages qui nous toisent dans l’entrebâillement des portes sont univoques.
Je ne comprends rien à ce que vous racontez.
Dix-sept heures, un couple nous accueille chez lui. Il a près de soixante-dix ans, elle en a soixante-cinq. Ils ont eu droit à une recette à base d'évaluation de consommation et de mandat de l'opérateur historique. Elle demande notre carte professionnelle. Il la donne. Elle s’étonne que nous soyons d'une autre société que celle annoncée. Normal. Il ne se démonte pas. Il assaisonne avec l’argument du producteur qui vient proposer une aide directement dans certains secteurs à forte consommation. Il joue. Le nez sur leur facture il annonce la couleur.
Tarif bloqué sur deux ans moyennant une augmentation de douze pour cent au dessus du tarif réglementé. C’est leur combine de bloquer sur deux ans en appliquant une majoration en échange d’un accord du client pour payer à un tarif déréglementé. Vous payez zéro virgule zéro cinquante et un cent du kilowatt heure. On vous propose zéro virgule zéro quarante-six cent du kilowatt heure bloqué sur trois ans. Soit zéro virgule zéro zéro deux cent en dessous du tarif réglementé. »
C’est trop facile. Il fait semblant de faire des calculs, dessine son schéma. Les vieux, polis, le laissent finir. Je fais d’énormes efforts pour qu’ils ne remarquent pas que je suis tiraillé entre une envie de rire et de me barrer. Ils ont tout de même vraiment du mal à le suivre et lui font comprendre qu’ils aimeraient bien qu’on se casse de chez eux fissa. Il insiste, s’emmêle les pinceaux et ajoute que chez la concurrence c’est encore plus compliqué.
Bon, alors, on va rester comme ça ! Au revoir.
En face, un chat obèse essaye de sortir du jardin de ses maîtres en passant entre les grilles de la clôture. Sans succès. Il est pathétique et me donne une belle raison pour laisser sortir le rire que j’étouffe depuis tout à l’heure.
J’ai toujours mis en avant des pratiques disruptives. Une approche, une façon d'appréhender les situations, et des méthodes de résolution de problèmes en décalage avec la plupart des méthodes canoniques. J’aime donner à voir une certaine entropie du monde. Je détourne les représentations pour qu’elles exacerbent l’ordre local et le désordre global. Le désordre est communément le fruit d’un constat au niveau microscopique et n’existe qu’en référence à un ordre au niveau macroscopique. Dans la théorie de l’information, l'incertitude de la nature d'un message donné à partir de celui qui le précède est appelée entropie. Tout dépend donc du point de vue où l’on se place. Je propose des angles d’observation singuliers sur des situations données. La conjonction des deux, expose un désordre global qui localement peut avoir tous les attraits de l’ordre. J'essaierai ici de décrire ma pratique à travers cet aspect singulier tout en lui donnant corps.
On a touché le fond je crois. Ça fait quarante minutes qu’il s’escrime sur cette pauvre dame qui a déjà un contrat avec nous. Elle a tous les documents qui le confirment. Il prétend que non. Que son contrat est dans sa pochette. Il ouvre son étui de cuir. Fait l'inventaire visuel de tous les documents qu'il contient. Dit tout haut le nom du titulaire de chaque contrat. Dépité, il constate que celui de cette personne n'est pas là. Incorrigible, il lui affirme le contraire. Il appelle le siège. L’opérateur au téléphone lui indique que le contrat est passé.
C'est impossible ! C'est une erreur administrative.
Nous sortons.
T’as vu ? C’est dingue. J’ai son contrat dans ma pochette et elle est inscrite chez nous !
Je ne lui réponds pas. Je ne lui parle pas. Je suis là mais je ne dis rien. Je ne sais pas qui est cette personne. Je ne comprends pas ce qu'elle essaye de faire. Je ne comprends pas pourquoi je suis là. Je ne sais pas ce que je suis sensé faire. Vivement qu’on se casse. Il commence à me faire peur. Je voudrais juste rentrer chez moi. J’appelle mon fils, son frère, sa sœur. Je fais en sorte de porter mon attention sur autre chose. Il ne faut pas craquer. Il ne faut pas lui dire ce que je pense. Je sens que je pense que je serais odieux. Je pourrais être tellement juste, précis et tellement violent que tout son monde pourrait s’effondrer et il devrait, à coup sûr, me mettre sa main dans la tronche.
On rentre enfin. Je ne travaille pas demain. Jeudi, je suis sur le terrain. Tout seul. Je ne les supporte pas.
Au moins tu écris. Et c’est peut-être ça qui fait que …
Je me sens si loin de ces personnes que je suis obligé de côtoyer. Je n'aime pas être obligé de voir des gens que je n'apprécie pas. Mais là c'est pire. Je crois que j'ai envie de leur venir en aide mais je pense qu'ils ne savent pas qu'ils sont en perdition. Ils prendraient sûrement l'aide pour du patronage. Mon état en leur présence est très ambivalent.
Je laisse les enfants à l’école pour m’effondrer dans le lit, téléphone à la main en rentrant. Je ressasse, malgré moi, l’argumentaire produit. Une nouvelle société m’a appelé pour que je démarche à son compte. Commissions alléchantes au contrat signé. Croissantes avec le rendement. Stables et rétroactives à partir de cent contrats. Une cible Business à un tarif raisonnable. Un modèle économique préexistant mais optimisé et garantit dans son offre de service. Une promesse de rémunération généreuse pour un temps de travail n’excédant pas trois heures par jour sur vingt et un jours ouvrés.
Quel est le statut de vos agents commerciaux ?
Apporteurs d’affaires.
"Apporteur d’affaire", c’est comme "copain" ou "le mec là bas". Ça n’est pas un statut. Légalement ça ne vaut rien et ce n’est pas une entité juridique, économique ou administrative opposable. Ça peut être défini de façon contractuelle mais URSSAF, CSG, impôts, etc, c’est bibi qui s’en charge. Il n’y a pas de volet social. Si tu gagnes cinq-mille euros de commission par mois, tu en as maximum mille-cinq-cents qui vont réellement dans ta poche. Le reste c’est l’état et les frais qui l’absorbent.
Ce sera Curry pour tout le monde. Je mange avec les petits et leur fais faire leurs devoirs dans la foulée. Leur mère est prévenue. L’enquête sociale dresse un bilan neutre, donc positif pour moi. Les enfants ne sont pas considérés comme mal accueillis chez moi et ça me rassure énormément. Un gros câlin et je retourne bosser sur mes documents administratifs. Avoir plusieurs boulots en même temps c’est bien mais ça n’est réellement intéressant que quand l’argent tombe. Il n’y aura rien sur mon compte avant le quinze décembre. La fin du mois risque d’être aussi difficile que le début du précédent.
J’ai, à de nombreuses reprises, purgé mes archives de travaux que je ne considère plus comme pertinents ou n’ayant de sens que dans la perspective de ma pratique. J’ai, par exemple, détruit la majorité des peintures que j’ai produites avant de quitter les Beaux-Arts et les dessins aussi. J’ai effacé de tout support d’archivage les pièces et les ébauches que je ne trouve plus cohérentes ou dignes d'intérêt. J’ai perdu la majorité de ce qu’il me restait d’archives dans un cambriolage à mon domicile. Il ne reste que très peu de traces de ce que j'ai fait. Il ne subsiste que ce que je fais, aujourd'hui.
Elle a reçu un appel pour un nouvel entretien. Elle se rapproche de plus en plus de son Graal. Elle a l’air de plus en plus sereine mais de plus en plus sceptique à la fois. Les efforts qu’elle fait pour prendre de la distance vis-à-vis de son passé sont autant d’éléments qui mettent en avant son intérêt pour le poste qu’elle convoite. On se retrouve dans la soirée. Elle a apporté une quiche maison, c’est sa première. Bien sûr on ne peut pas la manger sur place. Nous sommes dans un bar à tapas. On boit un coup quand même. Vingt-trois heures trente, on est toujours là… Elle a oublié sa carte bleue. Je vais lui payer son baby-sitting en boisson… Un peu avant deux heures, effondré sur le lit, je m’endors seul, noyé dans le dry martini et la bière.
Je ne fais pas de plan, pas d’esquisse. Je prends parfois des notes et trace un croquis pour expliquer ce que je suis en train de faire. Je sais rarement ce que sera la forme finale d’une idée mais je sais quelle sensation j’ai envie de décrire et ressentir.
Huit heures trente, j’embauche à neuf heures. C’est mon premier jour réel tout seul ! Je suis encore saoul !